Grâce à la généreuse amitié de dégustateurs patentés et de coureurs invétérés (certains sont les deux), ma tendre associée et moi-même avons pu retrouver un peu de temps, dans le sud de la Catalogne du Nord, à Banyuls pour être précis.
Puisqu'il en est question, précisons tout de suite qu'il y a deux endroits au moins dans cette ville, incontournables pour ceux qui aiment manger et boire du vrai vin - Les neuf Caves (voir le lien)
- El Xadic del Mar, plus connu sous le nom de "chez Manu".
Et à un peu plus d'une demi-heure de route à Laroque-des-Albères, on trouve un domaine "Le Temps Retrouvé" qui donne le titre à ce post. Nous avions pu goûter les vins de Michaël Georget et de sa compagne Céline, lors du salon "Greniers Saint-Jean" du mois de février et les ayant particulièrement appréciés, l'occasion à ne pas manquer était d'aller confirmer sur place.
Rien pour indiquer l'emplacement du domaine mais un coup de fil pour prendre rendez-vous et des explications claires et nous voici devant une parcelle largement enherbée de vieux carignans (135 ans ! respect !).
Respect aussi pour le vigneron qui prendra le temps de nous refaire goûter ses différentes cuvées, les nouvelles et celles à venir.
Michaël est originaire de la Loire où il a travaillé. Il a travaillé aussi en Alsace et dans le Roussillon où il a crée son domaine en 2012. Céline et Michaël travaillent seuls, sauf pendant les vendanges (manuelles bien sûr), mais il y a beaucoup de monde pour les aider : chevaux (pour le trait), moutons (pour la tonte), poules (pour l'engrais), abeilles, ...
Ils pratiquent la biodynamie, mais pas que. Le vin est nature, ce qui veut dire vivant. Plutôt que de labourer, l'herbe est écrasée et transformée en paillis avec un rolofaca. Michaël parle de son raisin avec la même considération que si c'était un être vivant. Il ne fabrique pas le vin, mais l'élève comme si c'était un enfant qu'il faut aider à grandir et être lui-même.
La mise en bouteille par exemple est stressante. Quand le vin vient de la cuve ou du fût et qu'il se retrouve seul en bouteille, il y a un temps d'adaptation certain.
Que l'on adhère ou pas à cet anthropomorphisme, on doit lui reconnaître en tout cas beaucoup de poésie et puis l'essentiel c'est que les vins sont tout simplement remarquables.
Le rosé qui n'a de rosé que le nom est un véritable vin de gastronomie. Le 2017 aura passé 24 mois en barriques. On devrait trouver tout prochainement le 2016 sur le catalogue de "Dire le Vin". Le blanc 2017 issu du cépage Macabeu qui vient d'être mis en bouteille n'a pas encore pris toutes ses marques, mais dès que ce sera fait, on peut être sûr de tenir un très beau vin.
Quant aux rouges, qu'ils soient monocépages (grenache, mourvèdre, carignan, syrah) ou qu'ils résultent d'un assemblage (la cuvée L'Harmonie, par exemple) ils sont tous construits sur la fraîcheur et montrent leur capacité à figurer sur de belles tables. Une mention particulière pour le Carignan 2014, élevé douze mois en fûts, issus de ces vieux carignans qu'on peut voir sur la photo qui accompagne ce post (des gamins de 130 ans au moment de la vendange).