Qui peut imaginer que sur l'appellation Buzet, il y a autre chose que la cave coopérative ? Pas ceux qui ne fréquentent que les linéaires des grandes surfaces, en tout cas ! La cave représente presque 97 % de l'appellation et elle a eu le mérite de la sauver. Mais à côté subsistent et travaillent une dizaine de vignerons indépendants. Parmi eux, Magali Tissot et Ludovic Bonnelle hissent très haut le drapeau de la qualité. Leur jardin, c'est le domaine du Pech fondé par le père de Magali en 1978. Son père Daniel, n'est autre que le frère d'André (domaine André et Mireille Tissot, vignerons dans le Jura à Montigny-les-Arsures ; elle est donc la cousine de Stéphane Tissot). Lorsque le domaine est fondé, on voit grand. Grande surface, faible densité de plantation pour pouvoir utiliser les machines, grand chais, foudres de 150 ans, ... et tout en conventionnel. Il n'en demeure pas moins que le terroir est là (calcaires et graves roulés de la Garonne) et que le vigneron possède son art. Daniel disparaît accidentellement en 1997. Sa fille en reprend les rênes. Le domaine passe en biodynamie en 2003. Petit à petit des vignes sont arrachées, puis replantées avec augmentation de la densité de plantation et réduction de la surface totale. Les vendanges deviennent manuelles. L'enherbement est total et spontané. L'ensemencement de plantes pour augmenter la biodiversité est envisagé. Des moutons sont achetés, notamment pour l'engrais. il y a même des chevaux qui viennent d'arriver pour que quelques parcelles soient prochainement labourées par leur soin.
A la cave, pas de levurage bien sûr. La vinification se fait dans les foudres. Aucun traitement œnologique ! Les élevages sont très longs. Les vignerons sont à l'écoute de leur vigne et de leur vin. Ils les laissent décider.
Le domaine se trouve dans un lieu-dit "Pech" sur la commune de Sainte-Colombe-en Bruilhois. Pas évident à trouver, mais nous y sommes arrivés. Le site est splendide. Après un coup de sonnette retentissant, Magali revient de la vigne avec un sécateur à la main. C'est une passionnée et une passionnante. Pendant plus de deux heures, elle nous raconte tout : l'histoire du domaine, son père, la dynamique du changement, la philosophie, les projets.
Vient le moment de déguster : "Le Pech Abusé 2010", une explosion de fruits en bouche, de la suavité, de la gourmandise, mais aussi de la tenue. Ce n'était pas prévu initialement, mais ce vin est tellement séduisant par sa franchise et sa droiture qu'il se doit de figurer au catalogue de "Dire le vin". Ce vin est un assemblage de merlot, cabernet franc et cabernet sauvignon. Les rendements sont faibles (25 hL/ha). L'élevage se fait en foudres.
Vient le tour de "La Badinerie 2007" : même assemblage, mais élevage en demi-muids. Et un terroir très caillouteux en surface. C'est très grand, presque intimidant !
Les blancs (100 % sauvignon blanc) sont un peu trop "naturels" pour notre nez.
Quoiqu'il en soit, nous nous inclinons respectueusement devant le travail de ce domaine. Des vins naturels élaborés par des gens naturels, que rêvez de mieux !