"Dire le Vin" vient de consacrer deux soirées à l'appellation "Madiran". Le challenge était de faire apprécier à sa juste valeur un vin dont la réputation d'âpreté, repousse parfois le dégustateur insuffisamment averti. Dans la région de production, on dit du Madiran que c'est un vin "sachant porter le béret". Cette réputation de virilité, il la doit à son cépage fondateur, le tannat. Mais on verra que des vigneronnes talentueuses sont capables de l'arrondir et de lui donner du charme sans pour autant le couper (avec trop de cabernets).
Premier, sur la ligne de départ, un vin de France, 100 % tannat, produit sur la région de Madiran, en 2015, par la famille Laplace. Un élevage très court (six mois au lieu des douze mois minimum pour avoir droit à l'appellation), en cuve bien sûr, permet de percevoir toute la gamme aromatique du cépage et produit un vin simple, mais totalement gourmand. La cuvée s'appelle "Les deux vaches rouges". Elle figurait au catalogue de "Dire le Vin" mais est momentanément épuisée.
"L'instant", une cuvée de Madiran, élaborée en 2014 par Guy Capmartin, est un assemblage de tannat (50 %, c'est le minimum requis) et de cabernet sauvignon. C'est un vin biologique qui a partagé les dégustateurs.
Gros coup de cœur unanime pour le Madiran suivant, millésimé 2014. Une cuvée baptisée "le Sens de la Vie", assemblage de tannat (70 %), de cabernet sauvignon (20 %) et de cabernet franc. C'est l'oeuvre de Céline Oulié dont le domaine s'appelle "Clos les Mets d'Âmes". Le vin est plein de promesses, et malgré sa jeunesse c'est déjà un pur plaisir. Ce sera vérifié sur le tajine d'agneau aux pruneaux.
Le Madiran 2012 du domaine du Moulié est aussi une oeuvre féminine, c'est celle de deux soeurs Lucie et Michèle Chiffre. Le tannat y intervient pour 80 %, complété par du cabernet franc. Dense, mais suave, il a séduit par sa finale tout en fraîcheur.
Toujours en 2012, la cuvée "Charles de Batz" du domaine Berthoumieu, a merveilleusement (et étonnamment) accompagné une piperade. L'étonnement ne provient pas du vin à la belle structure, mais on sait qu'il est toujours très difficile d'associer vin et légumes, particulièrement lorsqu'il s'agit comme ici de tomates, de poivrons et de piments doux. Pour cette cuvée qui porte le nom de D'Artagnan, Didier Barré a assemblé 90 % de tannat avec du cabernet sauvignon. L'élevage d'un an s'est fait pour moitié en fûts neufs.
Arrive le tajine d'agneau. Lors de la première soirée, il devra s'affronter à un Château Montus 2010 et à la cuvée "Vieilles Vignes" du domaine Labranche-Laffont en 2009. Lors de la seconde soirée, le Château Montus sera de 2008 et l'autre compétiteur sera l'Odé d'Aydie aussi en 2008. Que des grands, qui s'acquittent de leur tâche avec panache. Si on devait les départager, un léger avantage au Montus lors de la première soirée, et un léger avantage à l'Odé d'Aydie lors de la deuxième soirée.
Le fromage sera du Couserans, originaire des Pyrénées ariégeoises, plus précisément de la région éponyme dont la capitale est Saint-Girons. A priori, mission impossible d'associer ce fromage avec un Madiran. La suite prouva que non. La première soirée, l'harmonie fut trouvée avec un Château d'Aydie 2012. La seconde, c'est le Madiran Vieilles Vignes 2013 de Christine Dupuy (domaine Labranche-Laffont) qui prouva à tous que la recherche d'une bonne association mets-vins mérite des paris audacieux.
Il y aura deux desserts pris séparément et/ou simultanément : un mi-cuit au chocolat et à la cerise d'une part et un vin de liqueur, 100 % tannat, au joli nom de Maydie, encore un enfant de la famille Laplace, incontournable dès qu'on parle de Madiran ou de Pacherenc. Unanimité totale pour ce nectar qui figure à notre catalogue.
